En Espagne, les trains de nuit au point mort


Alors que les liaisons nocturnes se multiplient en Europe et que le
Paris-Berlin a repris du service, les projets de trains de nuit semblent
complètement à l’arrêt dans la péninsule ibérique.
*Z*ürich, Prague, Berlin, Vienne, Bruxelles, Paris… De nombreuses villes
européennes sont désormais reliées par des trains de nuit. L’engouement
croissant pour le rail, plus écologique, plus confortable et souvent plus
pratique que l’avion ou la voiture, se vérifie aussi de nuit. Le phénomène
prend même sa vitesse de croisière, avec la semaine dernière encore, le
lancement du Bruxelles-Prague via Amsterdam et Berlin.

Désireuse d’encourager ces liaisons nocturnes transfrontalières, la
Commission européenne a même décidé l’année dernière de soutenir dix
projets, dont un Barcelone-Amsterdam via Bruxelles, opéré par European
Sleepers et promis pour fin 2024. Pourtant, cette liaison, comme celle du
Paris-Barcelone annoncé en 2021 par la française Midnight Trains, semble au
point mort et la frénésie des trains de nuit peine à passer les Pyrénées.

*« Il n’y a pas de date d’ouverture pour cette connexion »*, indique
désormais European Sleepers. Même son de cloche pour Midnight Trains. Enfin
pour OBB, qui a lancé plusieurs lignes en Europe centrale et aussi annoncé
une liaison vers Barcelone, la péninsule ibérique ne figure plus du tout
dans les projets à moyen terme. Selon des sources du secteur, les tracas
administratifs et homologations imposées par la France, pays qu’il faut
traverser, sont longs voire décourageants. Les lenteurs de la SNCF à
valider les permis de circulation de ses concurrents ont d’ailleurs déjà
été épinglées par l’Autorité de régulation des transports (ATR).

Mais au-delà des embûches techniques et administratives, c’est la
rentabilité qui est aussi pointée du doigt. Y a-t-il vraiment un marché en
Espagne pour des trajets à coûts assez élevés pour le passager comme pour
l’opérateur ? *« Si on veut faire un train de nuit Barcelone-Paris ou
arriver jusqu’à des villes comme Zurich ou Milan, c’est possible, mais avec
une composante de service public, quelqu’un doit couvrir la basse
rentabilité »*, a récemment déclaré Raúl Blanco, président de la Renfe.
L’opérateur espagnol a d’ailleurs stoppé toutes ses liaisons nocturnes
nationales lors de la pandémie.

Les « trains hôtels », comme ils étaient appelés, ont relié durant des
années la Galice à Barcelone et à Madrid, ainsi que la capitale espagnole à
Lisbonne. Mais avec des pertes de plus de 25 millions d’euros sur ces
trajets en 2019, l’entreprise publique a décidé de ne pas les réactiver.

Côté SNCF, le discours est tout aussi frileux : pas de projet nocturne
entre la France et l’Espagne, faute de rentabilité. Des anciennes liaisons
ferroviaires entre les deux pays, elle a uniquement gardé la ligne TGV
diurne Paris-Barcelone, la plus lucrative du réseau. Il faudra donc sans
doute encore patienter plusieurs années avant l’inauguration d’un nouveau
train hôtel ibérique.

Source : Equinox Magazine

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