Déception en Suisse romande face au manque de trains de nuit vers le sud de l’Europe


Alors que le trafic ferroviaire est toujours plus prisé en Suisse, la
frustration monte en Suisse romande face à l’absence de développement d’une
offre de lignes internationales de trains de nuit.Mi-juillet, l’Office
fédéral des transports (OFT) et les CFF annonçaient le projet d’une
nouvelle ligne de nuit entre Bâle et la Suède pour avril 2026.

Mais alors que l’attrait pour les trains de nuit se renforce, la Suisse
romande, qui espère en vain le développement de nouvelles liaisons vers le
sud, exprime désormais son mécontentement. Et pour cause: quand on se
penche sur la carte de l’offre actuelle, on constate que tous les trains
nocturnes sont en partance soit de Bâle, soit de Zurich, et filent tous
vers le nord ou l’est.

L’annonce de la nouvelle ligne Bâle-Malmö, subventionnée à hauteur de 47
millions jusqu’en 2030 par la Confédération, a donc fait grincer quelques
dents. “Ce qu’on voit, c’est qu’au fond, l’accent est encore mis sur la
Suisse alémanique et que la Suisse romande est aujourd’hui encore le parent
pauvre des liaisons internationales”, fustige la conseillère nationale
verte genevoise Delphine Klopfenstein Broggini.
Liaisons de jour privilégiées

“C’est vrai que la destination peut paraître surprenante”, abonde sa
collègue de la Commission des transports du Conseil national Marie-France
Roth Pasquier. “On n’en avait jamais parlé, notamment dans nos travaux de
commission. On avait demandé d’autres lignes internationales.” Pour la
députée centriste fribourgeoise, c’est surtout le manque de capacités vers
le sud de l’Europe qui pose problème.

Il faut dire que beaucoup de Romandes et de Romands attendent de longue
date des liaisons pour Rome ou Barcelone, notamment. Or, les CFF jugent que
ces destinations ne sont pour l’heure pas judicieuses. “Pour les
destinations qui sont bien desservies par de la grande vitesse, comme
l’Italie, l’Espagne ou la France, on va miser davantage sur les trains de
jour, parce qu’on peut arriver à destination en une grande demi-journée”,
défend leur porte-parole.
Choix politiques plus qu’économiques

Ces liaisons de nuit sont par ailleurs loin du seuil de rentabilité. Sur la
ligne Bâle-Malmö et ses 1300 km qui traversent quatre pays, par exemple, un
trajet coûterait entre 40’000 et 60’000 francs en frais d’exploitation,
notamment de personnel, de matériel et d’énergie.

Or, côté recettes, avec des trains dotés d’une capacité d’environ 250
personnes, rarement pleins, et avec un prix moyen du billet à 150 francs,
cela rapporterait environ 25’000 francs, soit bien moins que les frais
d’exploitation. Il faut donc compléter avec des subventions. La
Confédération subventionnera ces trajets à hauteur d’environ 9 millions par
an jusqu’en 2030, soit l’équivalent de 30’000 francs par trajet.

Pour les CFF, ces transports de nuit ne s’autofinanceront pas, “même après
2030″, en raison de la spécificité de ce type d’offre, avec moins de
passagers qu’un train standard, et une couchette bloquée sur tout le
trajet, là où un siège peut être utilisé par plusieurs passagers faisant un
parcours partiel. Ces lignes risquent donc de rester lourdement tributaires
des décisions politiques.

Source : RTS

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