Trains de nuit : la fréquentation est là, pas les investissements


L’ONG Réseau Action Climat vient de dresser le bilan des trains de nuit.
Promis à une disparition certaine, ils sont relancés depuis quelques années
et rencontrent du succès. Problème : l’investissement dans les lignes n’est
pas suffisant.
D’après le Réseau Action Climat, plus d’un million de passagers a voyagé en
trains de nuit en 2024, un record.

Le Réseau Action Climat (RAC) publie un rapport dressant un constat sans
équivoque : les trains de nuit suscitent un regain d’intérêt spectaculaire
en France. Pourtant, derrière cette dynamique se profile une réalité plus
complexe. Entre engouement des usagers, saturation des lignes et
insuffisance des moyens, l’avenir du train de nuit dépendra de la volonté
politique autant que de l’attrait écologique.
Qui aurait parié, en 2020, sur la survie d’un mode de transport jugé
obsolète ? Pourtant, en 2024, plus d’un million de passagers ont choisi de
voyager de nuit en France. Un chiffre modeste en comparaison des 130
millions de passagers TGV la même année, mais un record dans l’histoire
récente de ce segment ferroviaire. Le rapport du RAC souligne que la
fréquentation a retrouvé le niveau des années 2014-2015, période durant
laquelle l’offre était pourtant trois fois plus étendue.

Ce retour en grâce se traduit spécifiquement sur certains trajets. Par
exemple, la ligne Paris-Toulouse affiche un taux d’occupation de 86 %,
tandis que la moyenne nationale atteint 76 %. Ces chiffres traduisent non
seulement un remplissage optimal des voitures existantes, mais aussi une
pression croissante sur une flotte restreinte.

Ce succès ne doit pas masquer une réalité implacable : l’offre actuelle est
structurellement sous-dimensionnée. Le réseau repose sur seulement 129
voitures couchettes, un chiffre ridiculement bas qui oblige souvent les
voyageurs à renoncer ou à se rabattre sur des modes de transport plus
polluants.

Le rapport du RAC évalue les besoins à 340 voitures pour 2035 dans le
scénario minimal. Ce palier permettrait de rouvrir des liaisons comme
Paris-Barcelone ou Nice-Strasbourg. Le scénario médian, à 600 voitures,
pourrait porter le trafic à 5,8 millions de voyageurs et éviter l’émission
de 800 000 tonnes équivalent CO₂. Quant au scénario maximal, de 1 200
voitures envisagé à l’horizon 2040, il permettrait enfin une couverture
européenne digne de ce nom, avec des lignes comme Lyon-Rome ou
Nantes-Barcelone.

L’appel d’offres lancé par l’État en début d’année 2025, qui prévoit la
commande de 180 voitures, est bien en deçà des besoins. Comme le rappelle
le document du RAC, cette tranche dite « ferme » permet tout juste de
renforcer les lignes existantes, sans en rouvrir de nouvelles. « *La
volonté politique a été au rendez-vous lorsqu’il s’est agi d’inverser la
tendance en 2020 […] Elle est nécessaire à nouveau aujourd’hui pour
changer d’échelle* », alerte l’ONG dans son communiqué.

Source : Economie Matin

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