Mode de transport à faible impact environnemental, le train est appelé à
se développer dans l’Union européenne. Plusieurs projets de lignes
transfrontalières de nuit devraient voir le jour dans les mois ou années
à venir.
Le train est particulièrement plébiscité dans l’Union européenne. Les
réseaux ferroviaires nationaux des Etats membres ont ainsi connu un pic
d’activité avant la pandémie de Covid-19, enregistrant 8,2 milliards de
voyageurs en 2019 selon Eurostat. Depuis, les chiffres sont repartis à la
hausse. Parmi ces lignes, des dizaines de trains de nuit sillonnent
l’Europe et relient ses grandes villes, permettant de s’endormir le soir
dans un pays et de se réveiller le lendemain dans un autre.
La nouvelle liaison Paris-Berlin en treize heures a été lancée en décembre
2023, après neuf ans d’absence. Ce train de nuit propose trois
allers-retours par semaine et dessert Strasbourg côté français, ainsi que
Francfort, Erfurt et Halle côté allemand. Les premiers prix sont fixés à
39,90 euros, en position assise.
En Europe, Vienne est un véritable hub des trains de nuit, avec les *Nightjets
*de la compagnie autrichienne ÖBB. Depuis plusieurs années, les voyageurs
peuvent traverser les frontières de nuit par la liaison Bruxelles-Vienne
via Mannheim et Munich, en quinze heures. Il est également possible de
rejoindre La Spezia, ville italienne du nord-ouest, depuis la capitale
autrichienne, en transitant par Salzbourg, Munich, Milan et Gênes en moins
de seize heures. Prague est aussi reliée à Vienne depuis décembre 2021.
Toujours depuis l’Autriche, les voyageurs peuvent se rendre à Bucarest en
train de nuit. D’une durée de plus de dix-huit heures, le trajet opéré par
les chemins de fer roumains (CFR) comporte 26 arrêts.
Un train de nuit dessert Prague-Zurich, en passant par Linz et Innsbruck en
Autriche, le tout en quatorze heures. Par ailleurs, avec l’EuroNight
également opéré par ÖBB, les voyageurs peuvent se rendre à Varsovie, la
capitale polonaise, en quelques heures depuis Prague, mais aussi Zagreb en
Croatie, au départ de Zurich.
En 2022, trois nouvelles lignes transfrontalières de nuit ont vu le jour.
La première complète le Prague-Zurich en desservant, plus au nord,
plusieurs villes allemandes : Dresde, Leipzig, Francfort. Bâle, en Suisse,
est également desservie. La seconde, reliant la ville allemande d’Hambourg
à Stockholm en Suède, est depuis deux ans effectuée quotidiennement dans
les deux sens du trajet. La capitale suédoise est également accessible en
seize heures de train au départ de Berlin, par l’opérateur privé
Snälltåget. Le trajet passe par Copenhague, la capitale du Danemark. Enfin,
une ligne permet d’atteindre Venise depuis Stuttgart. Le trajet, desservant
Munich, Salzbourg et Trévise s’étend désormais jusqu’à Rijeka en passant
par Ljubljana, en Slovénie.
Depuis mai 2023, il est désormais possible de rejoindre la capitale
allemande depuis Bruxelles, en treize heures. Attendue depuis plusieurs
années, cette ligne a été inaugurée par la compagnie European Sleeper. Le
mois précédent, c’est la liaison Amsterdam-Dresde-Prague par les compagnies
GreenCityTrip et TUI qui avait été inaugurée.
Le train est le moyen le plus durable pour voyager sur de longues
distances. Selon l’Agence européenne de l’environnement, les transports
ferroviaires représentent seulement 0,4 % des émissions de gaz à effet de
serre de l’UE (données de 2019). Plus polluants que la marche à pied ou le
vélo, les trains de nuit sont cependant particulièrement adaptés pour des
trajets de plus de huit heures. Voyager de nuit permet d’économiser une
nuit d’hôtel en roulant pendant le temps de sommeil, ce qui revient à
gagner une journée de vacances ou de week-end.
Au vu de ces avantages indéniables, l’Union européenne souhaite développer
les lignes ferroviaires effectuant des trajets transfrontaliers. Ce sujet
figure dans la “stratégie pour une mobilité durable et intelligente”
présentée par la Commission européenne en 2020. Celle-ci prévoit notamment
un doublement du trafic des trains à grande vitesse d’ici à 2030.
Ces ambitions doivent contribuer à la réalisation du Pacte vert pour
l’Europe, la feuille de route de l’UE pour atteindre la neutralité
climatique à l’horizon 2050.
Fin janvier 2023, la Commission européenne a annoncé son soutien à dix
projets pilotes. Le but : stimuler les services ferroviaires
transfrontaliers.
Parmi les projets sélectionnés, deux nouvelles liaisons de nuit doivent
être mises sur les rails : une connexion Stockholm – Copenhague – Berlin,
avec la participation de “SJ”, premier opérateur ferroviaire suédois, et
une liaison entre Amsterdam et Barcelone via la coopérative
belgo-néerlandaise European Sleeper.
Fermée depuis la pandémie de Covid-19, la liaison nocturne entre Madrid et
Lisbonne est par ailleurs souvent évoquée, sans grandes avancées concrètes
pour l’instant.
La création de lignes transfrontalières et par extension, de nouvelles
lignes de nuit, nécessite une coordination accrue entre les acteurs du
secteur et les Etats membres.
L’UE règlemente les transports ferroviaires, et adopte des règlements pour
créer un espace ferroviaire unique depuis le début des années 2000. Par
l’harmonisation des règles administratives et de sécurité, mais aussi par
le biais de techniques d’interopérabilité, l’Union favorise la création de
ces lignes et incite à la coopération de ses Etats membres.
Mais ce n’est pas chose aisée car la rapidité des travaux pour développer
les lignes de train est du ressort des pays de l’UE. Sans compter que ces
trains de nuit sont rarement rentables économiquement. Un rapport spécial
de la Cour des comptes européenne de 2018 met en avant les difficultés que
la réalisation des lignes transfrontalières à grande vitesse posent à
l’Europe. Le rapport note une fragmentation des lignes à grande
vitesse, “*réalisées
isolément par les* *différents Etats membres*”, et résultant d’une
“*coordination
insuffisante entre les pays*”.
Partie intégrante de la desserte du territoire national il y a quelques
décennies, le train de nuit a peu à peu perdu des usagers. La
multiplication des infrastructures routières et la banalisation de
l’automobile ont eu une incidence sur cette façon de voyager, pourtant en
vigueur dans l’Hexagone depuis 1897.
Mais après des années de démantèlement du réseau, de nouvelles lignes
rouvrent sur le territoire, grâce à une certaine prise de conscience de
l’urgence du dérèglement climatique et une volonté politique plus affirmée.
De nouvelles lignes vont également bientôt voir le jour, promises par la
SNCF. Sept liaisons de nuit “Intercités SNCF” parcourent déjà le territoire
actuellement, au départ de la gare d’Austerlitz :
– Paris – Briançon (via Gap)
– Paris – Nice (via Marseille, Toulon, Cannes, Antibes…)
– Paris – Lourdes (via Tarbes ; prolongement jusqu’à Hendaye en juillet
et août)
– Paris – Portbou (via Toulouse, Perpignan, Argelès-sur-Mer…)
– Paris – Albi (via Rodez)
– Paris – Latour-de-Carol (via Toulouse, Foix…)
– Paris – Aurillac
– Paris – Pau (via Bordeaux, Dax et Bayonne)
Vous voyagez en 1re classe à bord des trains de nuit Intercités ? Vous
pouvez accéder au service douche de la SNCF en gare de Paris-Austerlitz et
de Toulouse-Matabiau.
Deux lignes permettent actuellement une connexion de nuit vers nos voisins
européens au départ de la France :
– Paris-Vienne (depuis décembre 2021 ; en direct ou via Strasbourg,
Munich, Salzbourg…) – 3 allers-retours par semaine
– Paris-Berlin (depuis décembre 2023) – 3 allers-retours par semaine
– *Fermeture définitive du Hendaye-Lisbonne en mars 2020 *
– *Fermeture définitive du Paris-Venise en juin 2021*
Le réseau ferroviaire transfrontalier de nuit reliant la France à l’Europe
doit s’agrandir dans un futur proche. Si Paris devait faire figure de
plaque tournante pour de nombreuses liaisons (la compagnie chargée de leur
mise en place a depuis été contrainte d’y renoncer), c’est finalement Lille
qui est concernée.
La capitale des Flandres sera desservie par le train Amsterdam – Barcelone
(via Avignon, Montpellier, Perpignan, Figueres et Gérone), géré par
European Sleeper. Cette connexion est attendue pour 2026 ou 2027.
Source : Toule l’Europe
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