Comment deux passionnés du rail ont-ils financé leur propre entreprise de trains-couchettes


Elmer van Buuren, PDG d’une entreprise européenne de trains de nuit,
explique comment il a concrétisé son rêve d’entreprise grâce au financement
communautaire.

Lorsque le financement participatif de la start-up d’Elmer van Buuren a
levé 500 000 € en 15 minutes, il a pensé que son site Web était en panne. À
sa grande joie, ce n’était pas le cas – et deux ans et demi plus tard, sa
cagnotte s’élève à 4,5 millions d’euros.

Tout cet argent est destiné à la société de trains de nuit d’Elmer, «
European Sleeper », qui organise des voyages ferroviaires de nuit à travers
le continent. « J’ai toujours rêvé d’avoir ma propre compagnie
ferroviaire», dit Elmer. « Cette idée bouillonnait en moi depuis 25 ans. ».
« Et je pense que la grande différence entre nous et les autres compagnies
ferroviaires est que nous appartenons à la communauté. »

« Nous avons cru au financement participatif (…) pour récolter des fonds,
mais aussi pour impliquer les gens. »

La société européenne Sleeper a lancé son premier service en mai 2023,
entre Bruxelles, Amsterdam et Berlin.

Bien que les trains de nuit puissent être associés à des classiques comme «
De Russie avec amour » ou « Le meurtre de l’Orient Express », ils sont
progressivement passés de mode depuis les années 1990, en partie à cause de
la montée en puissance des compagnies aériennes à petit budget.

Elmer affirme néanmoins que la demande du public pour son service est
toujours forte, en particulier de la part des voyageurs conscients de leur
empreinte carbone.

« Je pense que la principale raison pour laquelle les trains de nuit ont
disparu n’est pas qu’il n’y avait pas de demande pour les trains de nuit.
C’est parce que les entreprises qui exploitent les trains, généralement les
grandes compagnies nationales, se concentraient sur d’autres produits comme
les trains à grande vitesse, (…) elles ont simplement choisi de se
concentrer sur autre chose.»

Elmer cite le succès de son financement participatif comme preuve de cette
demande du public, expliquant comment il souhaite combler le fossé du
marché et offrir aux Européens une manière de voyager plus respectueuse de
l’environnement. Comment continuer à développer son entreprise après le
financement participatif ?

L’entreprise européenne Sleeper a peut-être un avenir prometteur, mais
Elmer explique que développer son activité entraînera des défis.

L’entreprise utilise actuellement des locomotives et des
voitures-couchettes louées, car elle ne disposait pas du capital d’amorçage
initial pour investir dans son propre stock. À environ 2,5 à 3 millions
d’euros par voiture, la gestion du service coûte cher.

Pour exploiter un service de trains-couchettes, il faut environ 35 voitures
et deux locomotives, explique Elmer, ce qui signifie que le coût
d’exploitation quotidien pourrait être d’environ 70 à 100 millions d’euros.
Ce type de dépenses ne peut pas être financé par le biais du financement
participatif, ajoute Elmer.

À l’avenir, il n’y aura pas suffisamment de wagons de nuit en stock pour
soutenir l’expansion du service European Sleeper.

« Cela signifie que nous devons mener des projets visant à transformer les
voitures existantes en voitures-lits», explique Elmer.

Une partie de cette croissance sera financée par la Commission européenne,
qui cherche à investir dans des voyages respectueux du climat pour
atteindre ses objectifs verts.

L’UE contribue notamment au déploiement d’un service
Amsterdam-Bruxelles-Barcelone, dont le lancement est prévu en 2025.

Elmer affirme que pour que le service fonctionne correctement, son
entreprise doit donner la priorité à la coopération entre les réseaux
ferroviaires nationaux.

« Notre train ressemble donc à un train reliant Bruxelles à Berlin, mais ce
sont en réalité trois trains différents portant le même numéro de train que
nous collons ensemble », explique-t-il.

Il souligne également que le soutien des fournisseurs nationaux de billets
de train est essentiel pour que les clients puissent facilement trouver et
réserver leur place.

Interrogé sur les conseils qu’il donnerait aux futurs propriétaires
d’entreprise, Elmer met ironiquement en garde contre trop de conseils des
autres, en particulier de ses amis et de sa famille.

« Ils essaieront de vous en empêcher parce qu’ils ont peur pour vous. Ce
n’est pas parce qu’ils ne veulent pas que vous réussissiez, mais parce
qu’ils vous aiment trop.

Il ajoute que la peur de l’échec ne devrait pas empêcher les entrepreneurs
de poursuivre leurs ambitions de start-up.

« Si vous vous lancez dans le perfectionnisme, vous n’aboutissez nulle
part. »

Dans les années à venir, Elmer espère étendre davantage son réseau
ferroviaire à travers l’Europe, offrant ainsi à ses clients des options de
voyage plus étendues et plus écologiques.
Source : L’observatoire de l’Europe

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