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Le président de France Montagnes estime que la compagnie ferroviaire ne
propose pas assez de liaisons directes pour les stations de montagne.
Alors que la SNCF ouvre ce mercredi sa billetterie pour les vacances
d’hiver (9 janvier au 30 mars 2025), le secteur de la montagne en profite
pour épingler vertement une offre ferroviaire qu’elle estime insuffisante.
“Qu’est-ce qu’on attend pour mettre la pression à un organisme de mobilité
en France qui est le roi de l’immobilisme, la SNCF”, assène Jean-Luc Boch,
président de France Montagnes et de l’ANMSM, l’Association nationale des
maires des stations de montagne, cité par L’Echo Touristique.
“On attend quoi ? Malheureusement la SNCF n’écoute pas”, poursuit-il. Et
d’expliquer qu’une large majorité des touristes français (qui constituent
l’essentiel des clients des stations) utilisent la voiture, un moyen de
transport bien plus polluant que le train. Pas idéal pour réduire le poids
de l’empreinte carbone du transport vers les stations.
L’an passé, il tenait le même discours: “Les Français n’ont pas le choix ou
presque que de prendre la voiture: le manque de trains pour rejoindre les
stations est criant”.
Les chiffres lui donnent raison. 89% des Français qui partent au ski
utilisent leur voiture pour se rendre en montagne l’hiver.
Il faut dire que sur les 158 stations de ski des Alpes françaises, moins
d’une dizaine sont accessibles directement en train. Pour les autres, il
faut souvent changer de train et finir son périple en bus.
Dans les faits, l’offre ferroviaire vers les stations de ski semble
sous-dimensionnée malgré une appétence en hausse pour le train et certaines
initiatives dédiées.
On peut d’abord évoquer la disparition de nombreux trains de nuit qui
rejoignaient les massifs alpins.
Tout comme la disparition de l’offre Travelski Express coproduite avec le
français Travelski (Groupe Compagnie des Alpes). Le tour-operator avait
d’abord visé les britanniques avec des liaisons directes vers les Alpes en
affrétant des trains Eurostar.
Il s’était ensuite associé avec la SNCF Voyageurs en 2022. L’idée: proposer
une offre “porte à porte” et directe entre Paris et cinq gares des Alpes
qui desservent 21 stations en TGV dans la Tarentaise et la Maurienne, ainsi
que des packs transferts, hébergements et forfaits. Avec les touristes
britanniques, un total de 18.000 sièges était proposé.
“Nous sommes très fiers de pouvoir déployer l’offre Travelski Express en
France depuis la Gare de Lyon, c’est une réelle nouveauté sur le marché et
une nouvelle approche des vacances au ski, plus sereines et responsables”,
expliquait alors Guillaume de Marcillace, directeur général.
Mais paradoxalement, le trafic n’est pas au rendez-vous et le partenariat
n’est pas renouvelé.
“Le niveau des réservations fut très faible, avec des trains peu remplis.
SNCF Voyageurs n’a donc pas souhaité renouveler le contrat”, explique à BFM
Business un porte-parole de l’opérateur.
“Cependant, une alternative a été mise en avant par SNCF Voyageurs.
Travelski étant une agence de voyage, elle peut réserver pour des grands
groupes sur les trains commerciaux. Les ventes groupes sont toujours
ouvertes en amont des ventes pour les clients individuels”, poursuit le
porte-parole.
Dans le même temps, avec un parc de TGV limité, la SNCF est moins encline à
proposer ses rames à des tiers.
“L’hiver est effectivement une période qui est particulièrement demandée
par les voyageurs et nous avons besoin de mobiliser notre parc pour
répondre à la demande de nos clients. Ainsi, nous mettons à disposition le
maximum de trains disponibles en utilisant l’intégralité de la capacité de
la ligne”, confirme l’entreprise.
Des trains qui se remplissent néanmoins très (trop) vite les jours de pics,
et en dernière minute, les touristes ne trouvent souvent plus de places et
se retournent donc vers la voiture.
Reste que la compagnie rejette les critiques du président de France
Montagnes et met en avant son offre TGV adaptée pour la saison.
“L’offre TGV Inoui entre Paris et Bourg Saint-Maurice est une offre
saisonnière renforcée en hiver pour assurer la desserte des stations de
ski, en particulier les vendredis, samedis et dimanches et lors des cinq
week-end des vacances de février/mars”, précise-t-on.
Et d’ajouter que “l’offre TGV au départ de Paris vers la Maurienne sera
renforcée, comme tous les ans, en particulier les week-end”.
Quant à la ligne Ouigo Grande Vitesse vers Bourg Saint-Maurice, elle
“revient pour une nouvelle saison hivernale avec un aller-retour quotidien,
du 19 décembre 2024 au 30 mars 2025″.
Pour les touristes étrangers, SNCF Voyageurs rappelle que l’offre
saisonnière “Eurostar Snow” depuis Londres, Amsterdam et Bruxelles à
destination des stations de sport d’hiver est réactivée.
Enfin, rappelons que Trenitalia propose une liaison hivernale vers Chambéry
et un nouvel arrêt à Saint-Jean-de-Maurienne en prolongement de sa ligne
ferroviaire entre Paris et Lyon.
Reste que seulement 8% des personnes interrogées par l’ANMSM envisagent
d’opter pour un autre mode de transport pour se rendre en station. Mais si
l’offre de train était mieux adaptée (liaisons directes, plus de
fréquences), ils seraient 51% à changer d’habitude.
Preuve que l’offre n’est pas idéale même si d’autres facteurs limitent
l’usage du train comme des locations de studios uniquement possibles du
samedi au samedi, ce qui provoque un goulot d’étranglement dans les
déplacements. Ou encore le fait de devoir partir avec des équipements
encombrants.
“A mon sens, il ne s’agit pas que d’un sujet ferroviaire: il faut organiser
un service de navettes entre les gares et les stations pour acheminer les
voyageurs jusqu’à destination. Cela pose la question de la capacité des
régions et des stations de ski à organiser cette offre routière” ajoute
Julien Joly, consultant Transports & Mobilités chez Wavestone.
Source : BFM TV
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